En mars dernier, j’ai lancé le programme « Alliance Féminin – Masculin » dont l’intention est de promouvoir et de favoriser le développement d’une plus grande alliance Féminin Masculin au sein des organisations, un meilleur équilibre entre les hommes et les femmes dans les situations professionnelles que nous rencontrons.
Voici la genèse de ce programme et du processus associé :
« Je vous explique, Fabrice est féministe … » …
Cette aventure de l’Alliance Féminin – Masculin a-t-elle commencé ce jour-là ?
J’ai 13 ou 14 ans, je rentre d’un cours d’EPS avec quelques camarades de classe sur les trottoirs qui longent le théâtre Gallo-Romains de Fourvière à Lyon et nous ramènent au collège.
Il y a là des filles et des garçons qui ont, l’espace de quelques minutes et de quelques phrases, une discussion un peu « sérieuse » voire politique. Mon goût du risque et mon penchant pour l’authenticité m’inspirent l’audace d’exprimer un point de vue sans aucune ambiguïté à l’avantage des femmes. Des propos probablement décalés par rapport au discours convenu des adolescents de mon âge sur le sujet, des mots qui provoquent froncement de sourcils chez les garçons et étonnement chez les filles.
La sentence rendue par l’une d’entre elles « Fabrice est féministe » mettra un terme à ce moment de perplexité et me laissera dans une inconfortable interrogation : est-ce un compliment ou une offense ?
Il me faudra quelques années pour comprendre qu’il s’agissait probablement plutôt d’une marque de respect si ce n’est une louange …
Je me souviens de ma préférence pour la diversité et pour la mixité à partir de la 6ème. J’apprécie alors la compagnie des sportifs autant que celle des intellos (j’ai quand même un faible pour celle des intellos sportifs) et j’aime fréquenter des garçons comme des filles … tout en ayant assez vite des activités différenciées avec les unes et avec les autres.
Dès cette époque, il m’apparait clairement que cette mixité m’équilibre.
Des années plus tard, au début des années 90, je ferai l’expérience de groupe d’hommes sur l’inspiration du psychanalyste jungien Guy Corneau et de son expérience au Québec. Une expérience positive et enrichissante à laquelle je trouverai néanmoins très vite des limites dues à la dimension auto-gérée autant qu’à l’absence de présence féminine.
A partir de 18 ans, mon aspiration à une intense vie intérieure, réveillée dès l’enfance au cours d’une heureuse expérience d’enfant de chœur, se matérialise par une recherche proactive de lieux, de temps et de personnes dédiés à la spiritualité. Cette quête que je partage avec mon plus ancien ami, m’amène à faire partie de groupes où les femmes sont en très grande majorité. Mon inclination pour l’écoute de mes ressentis et les échanges sincères sur la vie émotionnelle de chacun me rapproche des femmes qui, factuellement, démontrent posséder beaucoup plus que les hommes ce même tempérament.
Mon besoin de mixité s’équilibre par la présence à mes côtés de cet ami mais aussi grâce à mes activités culturelles et artistiques – principalement l’animation d’émissions de radio libre, le shooting et le développement assidus de photographies en noir et blanc – que je pratique avec plusieurs amis garçons.
Washington, D.C., printemps 1991 :
– Do you mind if I smoke ? (Cela vous ennuie si je fume ?)
– Yes we do. (Oui ça nous dérange.)
Je suis dans un restaurant de la capitale administrative des Etats-Unis avec une amie lyonnaise qui y travaille. Au moment où je pose ma question, je commence déjà à sortir une cigarette de mon paquet n’imaginant pas une seule seconde que l’on va opposer un non à mon envie de fumer après déjeuner. La réponse des deux jeunes américaines assises à côté de nous est sans aucune ambiguïté, j’en reste bouché bée. Pourtant je vis à Chicago et n’en suis pas à ma première rencontre de l’assurance et de l’autorité des femmes dans ce pays qui m’accueille depuis un an.
Les premiers mois de mon séjour, je partage un appartement de 170 m2 avec deux roomates (colocataires), une américaine de 21 ans et un collègue français …
Après avoir pris possession de ma chambre, je passe le premier weekend à nettoyer la cuisine de l’appartement. Je n’ai rien d’un obsessionnel de la propreté et je ne suis pas habitué à faire le ménage mais l’état des placards et du plan de travail m’interroge sur le sens de l’hygiène la plus élémentaire de mes deux colocataires et en particulier sur celui de Kelly, la gente féminine étant dans mon imaginaire plus sensible à la propreté. Les semaines suivantes, je fais connaissance avec quelques-unes de ses amies qu’elle installe régulièrement sur notre canapé pour la nuit après des soirées arrosées où elles ne sont plus en mesure de rentrer chez elles. Le lendemain matin, elles repartent en laissant, sans la moindre gêne, le salon en désordre derrière elles.
Au-delà des comportements bien connus de certaines américaines qualifiées de « jewish princess » (princesse juive), ce dont je fais l’expérience pendant mon séjour aux USA, et plus encore en Californie où j’irai 3 ou 4 fois les années suivantes, c’est un autre positionnement des femmes dans la vie courante et un autre rapport homme femme que ceux auxquels j’ai été habitué en France jusque-là.
Mes représentations sur le féminin et le masculin en sont avantageusement bousculées.
« Notre job, c’est d’humaniser les entreprises ».
Cette vision, transmise à un groupe d’apprentis coachs, résonne en moi comme une évidence, une vocation, … un destin.
Elle est formulée par celui qui m’a embauché quelques semaines plus tôt, à l’automne 1993, au sein de sa société, LE cabinet phare du coaching de dirigeants en France.
Très vite, je comprends que cette humanisation passe par la responsabilisation des dirigeants sur leur rôle d’animation des hommes et des équipes. Si je constate avec étonnement que bien qu’ayant la moitié de l’âge de mes clients, je dois contribuer à « (re)mettre du père » dans les systèmes dans lesquels j’interviens, je ne suis pas surpris que des valeurs considérées comme féminines telles que l’attention aux autres, l’empathie, l’écoute, la sensibilité soient si peu présentes dans les entreprises que je fréquente.
J’en arrive à effacer de mon vocabulaire les mots performance et puissance, très fréquents dans la bouche de nombreux dirigeants … et des coachs et souvent le signe d’un idéal de toute-puissance dont j’ai déjà conscience qu’il relève de l’imaginaire et fait des ravages dans la vie de bien des femmes et des hommes dans les organisations.
Le virus du burnout se prépare à devenir à la mode quelques années plus tard.
A partir de 2014, ma vie s’effondre morceau par morceau … pas un seul pan ne sera épargné. C’est un tsunami mental et émotionnel, la vulnérabilité est mon quotidien. Un jour de 2017, une cliente qui ignore ce que je vis, m’offre un livre de W. Stinissen « La nuit comme le jour illumine ». J’y découvre que je traverse ce que Jean de la Croix appelle une nuit obscure de l’âme.
En février 2020, du jour au lendemain, je sors de ce long et sombre tunnel de 6 ans. Ces années m’ont transformé et un appel impérieux à communiquer a vu le jour en moi. J’y réponds en publiant de nombreux articles sur les réseaux sociaux. En juin dernier, après avoir lu mes posts sur LinkedIn, une consœur me propose de construire avec elle un atelier sur le thème Féminin – Masculin.
Cette proposition rejoignant mon aspiration de toujours à développer en moi et au sein des entreprises un meilleur équilibre Masculin Féminin, j’accepte l’invitation avec enthousiasme.
Si quelques mois d’élaboration plus tard, l’écart de disponibilité et d’engagement possibles sur ce projet nous amène à cesser d’y œuvrer ensemble, cette rencontre n’en est pas moins l’ultime maillon d’une chaîne qui a donné naissance au processus : Alliance Féminin – Masculin.
Après avoir coanimé 5 webinaires sur ce sujet aux côtés de Femmes Leaders et Inspirantes, je propose à toute personne sensible à ce thème et désireuse de cheminer vers un meilleur équilibre masculin – féminin, de participer à un groupe d’expérimentation qui vivra en avant-première, le processus que nous proposerons aux entreprises à la rentrée de septembre.
Ce groupe sera constitué de :
7 Hommes et 7 Femmes disposés à s’engager dans un processus de travail en groupe en 7 séquences mensuelles de 3h en présentiel sur Paris.
Si vous sentez l’élan du cœur de poser votre candidature à ce groupe d’expérimentation, vous pouvez remplir le formulaire au bout du lien suivant : https://forms.gle/jYHi6YKyFysVmruDA
Les candidatures sont ouvertes jusqu’à la fin du mois de mai.
Au plaisir de vous retrouver au fil de cette belle aventure.